• Amaynut di tira

    “L’aménagement du lexique berbère de 1945 à nos jours” n Ramdane Achab

    Atan wayen d-tenna Tiddukla Tadelsant Imedyazen ɣef “l’aménagement du lexique berbère.- de 1945 à nos jours”, n Ramdane Achab : “Wid iḥemmlen amawal, yettnadin deg tmaziɣt ladɣa deg taɣult n wawalen, d agerruj ara walin deg wedlis-a. Deg tazwara, adlis-a yella d turda n dduktura n Tmaziɣt n umusnaw Ramdane Achab. Tarrayin n usileɣ n wawalen s wudem ussnan deg-s ara tent-tafem. Yessenqed deg-s Mass Ramdane Achab isumar ed tarrayin tiqdimin ay yes-d-nebna ar ass-a awalen imaynuten n tmaziɣt. Adlis- a umi isemma " Aménagement du léxique berbère de 1945 à nos jours " ad yettuneḥsab seg wallalen igejdanen n usetrer n tmaziɣt. Ama d inelmaden n tmaziɣt, ama d iselmaden deg yal aswir ama d imnadiyen s umata deg wenrar n tutlayt, ta d talemmiẓt ifazen : ur tt-zegglet. Yettnuzu deg tmurt n Ldzayer. D tiẓrigin Editions Achab ay t-id-yessufɣen”

     
     

    votre commentaire
  • قدمت أبحاثا مهمة عن الجزائر وكانت صديقة
    نقل رفات المناضلة جرمان تيليون إلى “البونتيون”

      أعلن الرئيس الفرنسي،  فرانسوا هولاند، عن قرار نقل رفات أربعة من أكبر المقاومين الفرنسيين إلى مقبرة “البونتيون” بباريس، حيث تدفن أشهر الشخصيات التي أثرت في التاريخ الفرنسي، من بينهم جرمان تيليون (من مواليد 30 ماي 1907).

     تعتبر جرمان تيليون إحدى المدافعات عن الشعب الجزائري أثناء الحقبة الاستعمارية حيث عايشت فظاعة الاستعمار الفرنسي، من خلال شهاداتها وكتبها، وهي صديقة الشعب الجزائري، حيث قدمت بحوثا ودراسات عنه، خاصة عندما انتقلت إلى الأوراس الجزائري سنوات الثلاثينيات، من أجل بحث اجتماعي حول السكان، وألفت في هذا الشأن كتابها “الإثنيات في الأوراس”، تحدثت فيه عن الظروف القاسية التي يعيشها السكان “الأهالي” والطريقة العنيفة التي تم من خلالها نقلهم من النظام الريفي إلى المدني بسبب مصادرة أراضيهم، وتعلمت خلالها اللغة الأمازيغية. غادرت جرمان تيليون الجزائر سنوات عديدة، حيث سافرت إلى أوروبا وأمريكا من أجل أبحاثها ودراساتها، لتعود إليها بطلب من وزير الداخلية فرنسوا ميتران سنة 1954 من أجل مهمة رسمية وهو إعداد تقرير مفصل عن سكان الأوراس وحياتهم. عملت بعدها تحت قيادة محافظ الجزائر، جاك سوستال، سنوات معركة الجزائر، حيث كلفت بإقامة المراكز الاجتماعية، التقت خلالها سريا بياسف سعدي، مسؤول المنطقة الحرة بالجزائر، وأجرت معه حوارا، وخرجت بورقة تدعو فيها إلى السلام، ووقفت إلى جانبه ودعت إلى محاكمة عادلة عند القبض عليه.
    نددت الباحثة، طيلة السنوات التي عاشتها في الجزائر، بالتعذيب والقتل العشوائي والمحتشدات والمعتقلات ودافعت عن الكثيرين من أجل محاكمة عادلة وأنقذت عددا كبيرا من الجزائريين من الحكم عليهم بالإعدام وقدمت كشهادة عن هذه السنوات كتابها “في الجزائر في الحرب”. التزمت بعدها الصمت لسنوات عديدة، لتقدم، منذ سنوات، شهادتها عن حياتها في الجزائر. قالت في تصريحاتها حول الجزائر، خاصة بحثها في منطقة الأوراس، “إن عملي كأنتروبولوجية يشبه عمل المحامين، فقط الاختلاف أن المحامي يدافع عن شخص وأنا أدافع عن شعب”. وكتبت في رسالة إلى المناضلة سيمون دوبوفوار “يظهر أني عرفت الشعب الجزائري ويظهر أني أحببته ورأيت بأم عيني معاناته التي تركت بي جراحا. ويظهر أن ارتباطي بوطني أيضا قد تعزز بسبب شغفي به.. فلم أقطع صلتي بالعدالة من أجل حب فرنسا ولم أقطع صلتي بفرنسا من أجل حب العدالة..” (رسالة مفتوحة إلى سيمون دوبوفوار.. 1964 في البحث عن الحق والعدل).   
     

     


    votre commentaire
  • Les Amazigh boycottent l’élection de l'Assemblée constituante libyenne

      Les Amazighs ont décrété ce jour d’élection comme "Ass n Tikerkas", jour de mensonges.

    La future constitution libyenne risque d'être écrite sans les Amazighs qui boycottent l'élection. La future constitution libyenne risque d'être écrite sans les Amazighs qui boycottent l'élection. C'est aujourd'hui jeudi que se déroule l'élection de l'Assemblée constituante libyenne. Celle-ci, normalement formée de 60 membres, rédigera la constitution avant qu’elle soit soumise à une ratification par référendum d'ici cet été. Chacune des 3 régions; la Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan, est représentée par 20 membres. Les composantes Amazighs (constituant l’essentiel de la Tripolitaine), les Tebous (les noirs Libyens à l’est de Fezzan), et les Touaregs, passés habilement par les décideurs arabistes pour des non Amazighs dans l’optique de diviser pour régner sachant qu’ils sont des Amazighs de Tiniri (Ouest de Fezzan), seront chacune représentée par deux membres. Un tel quota est considéré comme un mépris flagrant par les 3 composantes en question. Cependant les Amazighs ont décidé de retirer leurs deux membres puisqu’ils exigent des assurances préalables quant à l'inscription de leurs droits dans la constitution. A rappeler que l’élection d’aujourd’hui était annoncée pour novembre 2013, ensuite repoussée à cause justement du mécontentement des Amazighs et du retrait de leurs membres du CGN, le congrès général national ou l’Agraw Aghelnaw Amatu. Pour les élections d’aujourd’hui seuls 1,7 million de Libyens se sont enregistrés contre plus de 2,8 millions pour l'élection du Congrès général national en juillet 2012. Soit une chute de 40% essentiellement des Amazighs (Tripolitaine), Tebous et Touaregs (Fezzan). Les observateurs ne comprennent pas comment le congrès général national s’entête à organiser une telle élection, 3 années après la chute du dictateur Kadhafi, alors que les acteurs principaux de son effondrement, à savoir les Amazighs, ont décidé de boycotter ce jour qu’ils considèrent noir, et que l’institution légitime qui les représente, le Conseil Suprême pour la Amazighs de Libye, décrète comme jour des mensonges (Ass n Tikerkas).

    Voici la déclaration que vient de communiquer telle instance : Conseil Suprême pour la Amazighs de Libye: "Azul Fell-awen, Paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu, Nous, le Conseil Suprême des Amazighs de Libye (CSAL), prenons acte aujourd'hui en cette période difficile de l'histoire de la nation Libyenne, et nous marquons une pause pleine de tristesse et caractéristique d’une grande déception dans ce qu'on appelle le système démocratique dans cette phase de transition. Nous annonçons la persévérance dans notre désobéissance et notre abstention à participer à l'élection de la Commission 58 (soit 60 moins les 2 représentants accordés aux Amazighs qui ont boycottés ladite commission constitutionnelle). Nous confirmons que ce qui a été annoncé par le Congrès Général National sur l'adoption de la loi présumée du consensus, n'est qu’une version déformée et incomplète de la proposition présentée par les Amazighs de Libye. Même si nous remercions et apprécions les efforts d'un groupe de patriotes (sous-entendu non Amazighophones) qui ont soutenu ce droit démocratique, mais nous soulignons l'incapacité du CNG à adopter le principe du consensus et d'essayer de nous entraîner à construire une constitution qui détient les pré-signes d'une dictature de la majorité. Ce qui entraine le pays vers un véritable échec dans la construction d'une nation qui inclut toutes les composantes du peuple. Par conséquent, nous déclarons ce qui suit: 1- Que le 20 Février 2014 sera marqué par les Amazighs comme un jour noir dans l'histoire de la Libye, et qu'il serait un jour officielle de deuil dans les régions parlant Tamazight ou les drapeaux et les bannières seront descendus, et que ce jour sera baptisé ASS N TIKERKAS (Jour des mensonges). 2– Faisant suite à notre annonce précédente lors du forum sur le droit constitutionnel des Amazighs de Libye (pour rappel tenu le jour de Yennayer, 13 janvier 2013, au siège du Congrès Général National devant de nombreuses délégations nationales et étrangères, ambassadeurs et ONG internationales), nous soulignons la non reconnaissance de la prochaine constitution, qui émanera de la Commission des 58 membres, en suivant le slogan : Nous ne reconnaîtrons pas ceux qui ne nous reconnaissent pas. 3- Nous appelons les citoyens Amazighs à sortir et à manifester pacifiquement contre ces fausses élections qui ignorent leur présence même dans ce pays. 4- Nous déclarons que ce jour noir sera le début de fracture politique et sociale et qu'il serait un tournant dans les mécanismes d'action politique amazigh, où le rejet clair des Amazighs en tant que véritable partenaire ou une partie essentielle de parties de la nation, nous impose le début dans le traitement des autres selon le principe de la réciprocité. 5– Nous annonçons l'adoption du Conseil Suprême des Amazighs de Libye du projet d’un Parlement Amazigh des régions parlant Tamazight, où il sera un héritier légitime et élu du Conseil Suprême dans l'étape suivante. Ceci dit, nous réitérons la réalité de notre douleur et notre déception du fait de nous ignorer par un des spectres du peuple libyen et l'entrée précipitée de beaucoup d’entre eux dans ces fausses élections qui ne donnent naissance qu'à des projets déformés qui ne seront pas en mesure d’assurer la vie et la continuité. Nous ajoutons que ce que nous annoncions ne sont que des étapes initiales, où nous croyons que toutes les options sont en face de nous, et que dans le cas de poursuite de la répression politique et de rejet, nous utiliserons notre droit garanti par toutes les lois légitimes qui nous assurent un destin politique ou seront protégés nos droits. Et Dieu sauve la Libye..." Traduction de l’arabe par Racid At Ali Uqasi


    votre commentaire
  • Centenaire de la Première Guerre mondiale

      Par Le Matin | 31/01/2014 

    Jamais, sans doute, il n'y eut autant d'Algériens morts en un seul endroit : près de 26 000 ! Sans compter les 75 000 blessés ou estropiés à vie. Combien d'Algériens tombés dans l'enfer de Verdun ? Combien d'Algériens tombés dans l'enfer de Verdun ? Mais était-il possible de survivre à Verdun ? Ceux qui en sont revenus, ceux-là qui sont sortis vivants de neuf mois de pilonnage, neuf mois à subir les gaz allemands, puis la déroute et le repli sur la ville, les gaz encore, l’assaut de juin, l’été passé à repousser l’ennemi, Douaumont enfin récupéré en octobre, les Allemands enfin chassés de Verdun en décembre ; neuf mois de batailles sous la pluie, le froid, la neige, le feu et le fer, ravalés à l’état de bête, ceux-là qui sont revenus de Verdun, survivants d’une ville tombeau où furent immolés 306 000 hommes, ceux-là, nos grands-pères anonymes, étaient sortis de la guerre pour entrer dans l’épouvantable tourment des miraculés de l’enfer. Leur tête a bourdonné à jamais de la rumeur sourde des canonnades qui rythmèrent cette apocalypse, de l’incessant pilonnage qui couvrit les gémissements. Toute leur vie ne fut qu'un incessant défilé de nuits hantées par les déflagrations des obus secouant les collines de la Meuse et les eaux du fleuve, sous la clarté livide du ciel des Ardennes. Et l'enfant des années trente qui demandait déjà : "Pourquoi ta guerre ne m’a pas fait roumi, père ? Ils ont juré que sur ta tombe de Verdun viendra pleurer la Marianne avec des clés de notre nouvelle maison de lumière ». Il fallait un autre Verdun pour cette lumière improbable, incertaine, mais comment expliquer que c’est l’idée de la lumière qui nous était indispensable…L’idée de la lumière ! Sans elle, nous aurions eu une vie sans mirages, sans folies... Comment survivre aux cris des agonisants dans les tranchées ? Chaque nuit, dans leur sommeil, il leur semblait entendre le pas des hommes marchant vers la mort, la prière silencieuse des mères – la rumeur d’un siècle embrasé… Il n’y a pas de vie après Verdun, fils ! Il n’y a plus de vie. Juste des nuits d’épouvante et des jours à chasser ses souvenirs…Ces hommes ne savaient pas si le monde libéré se rappellerait de ses indigènes mais, depuis Verdun, ils priaient Dieu pour que le monde se rappelle seulement d’où il vient : d’une victoire sur l’apocalypse ! Verdun, ce ne sera jamais que ça : la fosse commune de la vanité humaine. "Moi, Guillaume, je vois la patrie allemande contrainte à l’offensive et c’est à Verdun, cœur de la France, que vous cueillerez le fruit de vos peines…" Verdun, "cœur de la France" aux yeux de la Prusse ; Verdun, "boulevard moral de la France" aux dires du maréchal Pétain ; Verdun, 143 000 soldats allemands et 163 000 soldats français ou colonisés, fauchés en neuf mois. À cette victoire sur l'apocalypse, l'histoire retiendra que des Algériens ont participé par leur sang. "De toutes les colonies françaises, l'Algérie représente, pour la France, avec l'Afrique occidentale française, la plus grande pourvoyeuse en ressources matérielles et en hommes. (...) Bref, l'Algérie a contribué à nourrir la France à bon compte." C'est ce qu'on lit dans le catalogue de l'exposition organisée en 1996 à Péronne, dans la Somme, à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de Verdun. Et l'enfant des années cinquante qui demandait toujours : "Pourquoi ta guerre ne m’a pas fait roumi, père ? Sur ta tombe de Verdun, père, je n’ai vu qu’une Gitane qui dansait sur nos fantasmes. Quand nous jurions, sur la foi du psaume et du drapeau, que Dieu et l’élu ne nous mentiront pas…" Le survivant de Verdun la voyait, lui, la maison de lumière, et il était seul à la voir, sa patrie introuvable, dans une corbeille en alfa capitonnée de feuilles de figuier, entre le lait et les figues fraîches, entre ses douars oubliés et les serments de Verdun. Il la voyait, et il était seul à la voir, il savait que la neige ne condamnerait pas toujours ses montagnes. Que peuvent la neige et la nuit devant les ardeurs de son soleil, la lumière de son désert, la douceur de ses dunes ? Un siècle plus tard, ces hommes gisent-ils dans nos cœurs ou dans nos amnésies ? En juin 2000, dans ce qui restera sans doute l'une de ses plus perspicaces initiatives, le président Bouteflika s'était rendu à Verdun, rendre visite à ces morts décisifs. "Il fallait déchirer le voile de l'oubli sur la dette de sang qui a scellé le destin de deux peuples, et que plus personne, ni d'un côté ni de l'autre de la Méditerranée, ne peut nier", avait-il dit devant les tombes. "Au premier rang dans les batailles, mais au dernier rang à la victoire, les Algériens ont payé lourdement l'impôt du sang... Mais force est de constater que l'importance de la contribution militaire des Algériens pendant la Seconde Guerre mondiale contraste éloquemment avec le bien faible écho qu'elle reçut dans les médias naguère, comme dans les manuels d'histoire aujourd'hui". Jacques Chirac, qui avait bien reçu le message, avait dû déclarer haut et fort, lors du dîner officiel : "Je rends hommage, ici, à votre souhait de vous rendre à Verdun, où tant et tant des vôtres sont tombés au champ d'honneur, sur la terre de France. Ils sont morts avec leurs compagnons d'armes, pour que nous vivions libres. Les Français ne les ont pas oubliés." Puis, solennel, Bouteflika avait dit : "État nation, modernité, droits de l'Homme et État de droit : ces concepts, nous allons en faire faire le principe directeur de notre pratique politique..." Et l'enfant de 2014 qui demande toujours : "Qu'est-ce qu'un État de droit, grand-père ? Sur ta tombe de Verdun, père, je n’ai vu ...." Mohamed Benchicou


    votre commentaire
  • ÉVOCATION

    Slimane Azem ou le complice des modestes

    Par : R. Salem

    Il y a 31 ans disparaissait Slimane Azem, à l’âge de 65 ans. Tout comme cheikh El-Hasnaoui, il est considéré comme le père de la chanson kabyle de l’exil.

    Trente et un ans sont déjà passés depuis que Slimane Azem quittait à jamais cette vie évanescente, à l’aurore du 28 janvier 1983, à l’âge de 65 ans, pour rejoindre l’Eternel. Natif du village Agouni Gueghrane, au pied du Djurdjura, le 19 septembre 1918 dans une famille modeste, Slimane Azem côtoya très jeune les bouleversements de l’expulsion et du chagrin en quittant le giron de la Kabylie qui l’a enfanté. Ayant déserté à 12 ans les bancs de l’école, son statut social le contraint à trimer dans une ferme appartenant à un colon afin de satisfaire les besoins de sa famille. À peine adolescent, il s’envola, en 1937, pour la France où il devait accepter, malgré lui, son triste destin, puisque forcé à l’exil. Faisant face à un monde qui se montrera bien souvent très tenace et cruel envers lui, Da Slimane sera aussitôt recruté dans une aciérie de Longwy, dans le département de Meurthe-et-Moselle au nord-est de la France, où il a travaillé durant 2 ans, avant d’être mobilisé à Issoudun (département de l’Indre).
    À sa réforme, en 1940, il rejoindra le métro qu’il évoquera plus tard dans ses lamentations sur l’exclusion, avant de se voir réquisitionné pour le Service du travail obligatoire (STO) pour coudoyer les quartiers de travail de la Rhénanie – une région de l’ouest de l’Allemagne qui doit son nom au Rhin qui la traverse – de 1942 à 1945. À son retour à Paris, il s’affairera dans la gestion d’un café dans le 15e arrondissement. Alors qu’il se produisait pour la première fois en compagnie d’un orchestre amateur, il a été découvert par Mohamed El-Kamal, célèbre chanteur et spécialiste du jazz, qui l’encouragera à se lancer dans son propre répertoire, tout en l’invitant à prendre part à une tournée avec son groupe. En 1951, Da Slimane signe l’enregistrement de sa première chanson, A Moh a Moh, dédiée au poète kabyle Si Moh Ou Mhand. Et c’est ainsi que Madame Sauviat – seule disquaire spécialisée de l’époque – le présente à Ahmed Hachlaf, qui était directeur artistique du répertoire arabe auprès de l’édition Pathé-Marconi.
    Dans une thématique tant évocatrice qu’expressive, Slimane Azem, avec plus d’une centaine de mélodies, d’une diversité existentielle incontestable, a chanté, par la suite, l’identité, la patrie, l’exil, les valeurs sociales ainsi que le sort qui s’est longuement acharné sur sa personne, à tel point qu’il était interdit d’antenne en Algérie, cette terre qui l’a vu naître.
    Dans un élan philosophique, Da Slimane s’interrogeait perpétuellement sur le sens de la vie, les tourments de l’humanité, mais aussi les pressentiments spirituels, le respect mutuel, la reconnaissance de l’autre et divers sujets consubstantiels à la vie politique.
    Un almanach qui incarne, par narration, celui du célèbre poète Si Moh ou Mhand qui marqua la poésie kabyle du XIXe siècle. Un répertoire qui évoque aussi l’image de la société qu’il interprétait,  celle caractérisée par une dislocation illustrée, des bouleversements véhiculés par l’incurie humaine et le musellement des valeurs identitaires et culturelles. Cependant, si l’exil a, certes, fait souffrir Slimane Azem, qui avait vécu dans l’éloignement de la Kabylie natale tel un cauchemar et une expérience chimérique, cette situation difficile lui a tout de même inspiré les plus beaux hymnes à la patrie et des vers inégalés sur la claustration de l’émigré et les déboires auxquels il est contraint. De son exil oscillant, néanmoins concepteur d'une moralité berceuse à nulle autre pareille, Slimane Azem était en perpétuelle quête d'une terre intérieure jamais fixée dans sa fécondité mélodique. Ce drame personnel marque son répertoire musical qui s’articule autour de plusieurs thèmes : l’exil bien évidemment [A Rebbi kec D amaiwen (les oiseaux migrateurs)], mais également la bonne morale [Berka yi tissith n chrab (que je cesse de boire du vin)], la tradition ou la nostalgie (Algérie mon beau pays)… Dans la foulée, soulignons que Slimane Azem est à l’origine de nombreux sketchs comiques avec son comparse cheikh Nordine, comme Madame, encore à boire !,  chanté en français et en kabyle. Tout comme cheikh El-Hasnaoui, il est considéré tel le père de la chanson kabyle de l’exil. D’ailleurs, le premier disque d’or qui lui a été discerné en 1971, en sa qualité de chanteur algérien, en compagnie de Noura, est témoin de cette carrière ô combien glorieuse. Au cours des années 1970, il s’installe à Moissac, un hameau qui lui rappelait sa Kabylie natale et son village Agouni Gueghrane, où il avait le loisir de cultiver et d’entretenir ses figuiers. Nonobstant, la fixité mélodique est paradoxalement le fruit de cette errance harmonieuse qui remplit l'âme meurtrie de son village qui n’a même pas eu la chance d’accueillir sa dépouille, puisque, comble de l’incurie, sa tombe se trouve au cimetière de Moissac (Tarn et Garonne), en France. “À vous les jeunes de mon pays, donnez-moi votre parole d'honneur de continuer ce chemin que j’ai entrepris, bien qu’il soit sinueux, pour me remémorer comme si j'existais toujours”, telle est la dernière expression de Da Slimane, adressée, juste avant sa mort, aux jeunes de sa Kabylie natale. Comme disait Kateb Yacine, “on peut retirer ses terres à un homme, mais on ne peut retirer la terre du cœur d'un homme !”.


    R. S

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique